Opinions sur la vaccination contre le covid19


La majorité des algériens contre la vaccination

La majorité des algériens, plus de 53%, ne veulent pas se faire vacciner. Seuls 28% affirment franchement leur adhésion. 19% sont encore hésitants. La proportion de refus est élevée. En Tunisie, en février 2021, la même proportion était de 47%1 . En Europe, les chiffres ne sont pas aussi élevés et sont très variables. Ils ont baissé un moment avec le lancement des campagnes de vaccination, à la fin de l’année 2020, mais ont fluctué ensuite avec les polémiques sur les effets secondaires des vaccins ou de l’évolution de la pandémie elle-même2. En Algérie on a constaté une évolution positive du taux d’acceptation auprès du personnel soignant3.

Les femmes seraient beaucoup plus hésitantes que les hommes : si la proportion de refus est presque égale, il n’en est pas de même pour les « oui » et les « je ne sais pas ». Chez les hommes la proportion d’acceptation de se faire vacciner est de 33 % contre 23 % chez les femmes. Les femmes seraient ainsi beaucoup plus hésitantes à se prononcer.

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L’attitude d’une personne par rapport à la vaccination dépend de plusieurs facteurs. Le premier est bien entendu celui de l’exposition au risque d’infection : les personnes âgées, les malades chroniques, certaines professions sont beaucoup plus exposées. A l’inverse, les jeunes risquent moins l’infection et surtout sont moins susceptibles d’être gravement atteints. Le plus souvent ils ne développent même pas les symptômes même s’ils sont infectés. Toutefois ils transmettent la maladie tout autant que les plus âgés. L’attitude par rapport à la vaccination est influencée aussi par la perception du degré de gravité de la maladie qu’a une personne. Ce facteur est avant tout lié au degré d’information, lui-même déterminé par des variables en en déterminant l’accès (niveau d’instruction, disponibilité de moyens d’accès…) et la volonté de la rechercher l’information ou le degré d’exposition de la personne à l’information4.

Nos résultats font apparaitre une proportion de non qui baisse avec l’âge, aussi bien chez les hommes que chez les femmes. Ceci conduit naturellement à une proportion de non moins élevée chez les mariés comparativement aux célibataires. Il n’y par contre pas de différence significative entre les différents niveaux d’instructions ou entre les milieux d’habitat (villes chef- lieu de wilaya, autres villes, rural et habitat dispersé).

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Suivant la situation individuelle des différences importantes apparaissent. Elles sont liées à l’âge ou au handicap ou à la maladie. L’acceptation est la plus élevée chez les retraités : 45% contre une moyenne de 28. La proportion des « ne sait pas » n’est par contre pas sensiblement différente de la moyenne. A l’inverse la proportion des « ne sait pas » chez les handicapés est nulle montrant une très forte polarisation chez cette catégorie de la population, entre les pour et les contre : 60% de non, 40% de oui. Il faut souligner aussi la proportion très élevée des hésitants (« ne sait pas ») chez les lycéens et étudiants et les élèves de la formation professionnelle : 28% contre une moyenne de 18%. Dans ce groupe, la proportion de « ne sait pas » a surtout rogné sur la proportion de ceux qui acceptent, qui ne sont que 13,5% contre une moyenne de 28%.

En synthèse nous avons donc un niveau de refus sensiblement plus élevé que ce qu’on constate en Europe ou même en Tunisie. Ce niveau de de refus est en très grande partie lié à l’âge qui lui-même détermine le refus de certaines autres catégories : les célibataires plus que les mariés, les étudiants et élèves de la formation professionnelles plus que la moyenne. Les handicapés, les malades chroniques, et les retraités ont un taux de refus moins élevé que la moyenne. Les femmes ont le même taux de refus que les hommes, mais semblent beaucoup plus hésitantes à accepter la vaccination. Contrairement à l’intuition le niveau d’instruction ne semble pas être un facteur déterminant dans le refus de la vaccination. Le milieu de résidence non plus.


Notes:
  • 1 - Sondage réalisé par le cabinet Emrhod Consulting.
  • 2 - Dans un sondage réalisé pour Euronews dans quatre pays, l’Allemagne, la Grande Bretagne, l’Italie et la France entre le 25/02 et le 1/03, les taux d’acceptation de la vaccination étaient respectivement de 63%, 76%, 71% et 37%. Ces taux sont à comparer donc avec notre taux d’acceptation de 28,8%.
  • 3 - Voir par exemple ce qu’a dit le Pr. Belhadj à ce sujet au site TSA le 21 mars.
  • 4 - En opposant une recherche active de l’information et une information subie, par l’exposition à des médias ou des situations où un individu reçoit de l’information de manière passive.

Les raisons du non à la vaccination

L’analyse des raisons du non à la vaccination en montre deux principales : celles du manque de confiance au vaccin et celles de la jeunesse et/ou de la bonne santé de la personne interrogée. Cette dernière caractéristique serait assimilée à moins de risque d’être infecté ou de connaitre une forme sérieuse d’infection. Le premier motif regroupe 41% des non et le deuxième près de 29%. Les deux motifs cumulent ainsi 70% des non. 6,4% nient l’existence de l’épidémie ou en minimisent l’importance. Près de 5%, invoquent la fatalité (mektoub), c’est-à-dire le caractère inévitable de l’infection quand elle est « inscrite» dans notre destin. L’individu n’y pouvant rien. Enfin il est intéressant de noter 3,8% des non qui invoquent le fait qu’ils ont déjà été contaminés. Nous supposons que ces contaminations ont été constatées d’une manière ou d’une autre (test PCR ou test sérologique ou scanner). Cette proportion correspond à un peu plus de 600.000 personnes1. Ce chiffre ne contient bien entendu pas les décès. Il est largement supérieur aux estimations officielles des personnes atteintes de la Covid19. Celles-ci donnent un nombre de 117.000. Il comprend seulement les infections constatées par test PCR, et comprend aussi les décès.

Les autres raisons couvrent à peu près 15% des non. Elles sont aussi intéressantes à analyser et donnent des pistes pour la sensibilisation à la vaccination. Sont fréquemment invoquées des raisons médicales (maladies chroniques, personnes ayant subi une opération, allergies), la grossesse, ou le fait que les personnes prennent leurs précautions pour ne pas être infectées. Une autre raison que la grossesse touche aussi spécifiquement les femmes, il s’agit de l’accord de l’époux. Elle pose un problème grave de droit. Toutes ces raisons doivent bien entendu être prises en charge lors de la sensibilisation à la vaccination.

Les différentes catégories de la population se distinguent dans les raisons qu’elles invoquent pour justifier leur refus de la vaccination. On peut le voir avec le niveau d’instruction ou l’âge et le genre. Les différences selon d’autres facteurs sont une conséquence de la liaison de ces facteurs avec l’âge ou le niveau d’instruction. Il en est ainsi des différences apparaissant selon le statut matrimonial ou bien le lieu de résidence (liés à l’âge) ou la situation individuelle (liée à l’âge et au niveau d’instruction). La région ne montre pas, par contre, de différences.

Ainsi alors que la proportion de non est analogue dans les différents niveaux d’instruction, il n’en est pas de même pour les raisons justifiant ce non qui font apparaitre d’importantes différences selon ces niveaux. Le doute ou le manque de confiance sur le vaccin touche relativement plus les personnes de niveau supérieur ou du secondaire, que la raison de la jeunesse et de la bonne santé les niveaux inférieurs. La fatalité est invoquée aussi plus par les niveaux d’instruction les moins élevés.

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La proportion de non à la vaccination baisse globalement avec l’âge. Mais les raisons du non, montrent que la bonne santé, le manque de maladies ou la jeunesse sont relativement plus invoqués par les moins de 30 ans. Ceux-ci invoquent beaucoup moins les effets secondaires des vaccins ou le manque de confiance en ces vaccins, qui le sont relativement plus par les personnes âgées de 30 ans et plus.

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Les femmes sont, elles, dans une proportion plus importante à invoquer le manque de confiance au vaccin, alors que les hommes invoquent beaucoup plus la bonne santé ou la jeunesse. Tenant compte du fait que les hommes et les femmes se répartissent à peu près de la même manière selon l’âge et la santé, il semble que cette différence entre les genres traduit plus une attitude prudente de la part des femmes.

Les autres variables ne font que traduire l’impact de l’âge ou du niveau d’instruction ou des deux à la fois. C’est le cas pour la situation matrimoniale qui montre des célibataires invoquant plus la bonne santé et la jeunesse que les mariés qui invoquent le plus souvent le manque de confiance au vaccin. Il en est de même pour le lieu de résidence qui traduit le fait que les personnes d’âge actif résident plutôt dans la ville (chef-lieu de wilaya ou autre ville), comparativement aux plus jeunes de la campagne qui continuent à y résider, et affirment plus qu’ils ne vont pas se vacciner en raison de leur jeunesse et de leur bonne santé. La situation individuelle est, elle aussi, liée avec l’âge (lycéen, étudiants, formation professionnelle, chômeurs, retraités) ou avec le niveau d’instruction (femmes au foyer, travailleurs).

En conclusion nous retrouvons dans les raisons du non une forte liaison avec l’âge et le niveau d’instruction. Ce dernier n’est pas en lui-même une variable explicative du non, mais apparait comme un élément explicatif dans les raisons avancées lorsque la personne refuse la vaccination.


Notes:
  • 1 - Ce chiffre est probablement sous-estimé en raison du faible nombre dans l’échantillon des personnes les plus âgées parmi les non, alors que ce sont les personnes ou les symptômes du covid se manifestent le plus. Autrement dit pour avoir une bonne estimation il aurait fallu un échantillon plus important.

Les algériens se conseillent-ils la vaccination ?

Face à l’ampleur de l’épidémie, on se serait attendu, après le lancement de la vaccination, à ce que les individus se conseillent mutuellement la vaccination. Ceci ne semble pas être le cas puisque seuls 12,5% se sont fait conseiller la vaccination. Cette proportion est déjà, de loin, inférieure à la proportion de la population qui voudrait se faire vacciner, qui est de près de 30%. Tout se passe donc comme si les personnes qui décident de se faire vacciner n’essaient pas de faire partager cette attitude. Le partage semble ne concerner qu’une petite catégorie qui ne dépasse pas un peu plus de 10% de la population adulte algérienne.

Pour la plupart des « variables explicatives » (genre, statut matrimonial, niveau d’instruction, région, type d’agglomération de résidence, nous ne constatons pas de différences significatives entre les groupes de population que ces variables définissent. Il n’y a pas beaucoup de différences inter-régions non plus.

Les seules catégories spécifiques auxquelles il est conseillé de se faire vacciner sont les retraités, ainsi que les handicapés et les malades chroniques, ainsi que la population de 50 ans et plus de manière générale. En effet, une des rares variables où se dégagent des différences significatives est la situation individuelle où se distinguent nettement les retraités et les handicapés et malades chroniques. Ces deux catégories se font conseiller la vaccination nettement plus que les autres. 25% des retraités se font conseiller la vaccination contre 12,5% dans la population totale. Par groupes d’âge, les plus de 50 ans se font conseiller relativement plus la vaccination. On remarquera que même si ces catégories bénéficient d’une attention particulière, la proportion qui se fait conseiller, bien que beaucoup plus élevée que la moyenne, reste quand même modeste.

Le conseil pour la vaccination semble donc avant tout lié à l’âge et à la maladie et une sorte de « niveau plancher » qui concerne toutes les catégories de la population qui serait d’environ 10%.

Les « conseilleurs » sont en premier les membres de la famille (34,4%), des amis ou des voisins (27,8%), ou enfin un médecin (29,4%) ou un membre du personnel soignant de manière générale. Plus rarement d’autres personnes (10,7%).

Les conseils pour se faire vacciner semblent suivis d’effet. La population qui envisage de se faire vacciner comprend une proportion beaucoup plus importante de personnes qui se sont fait conseiller la vaccination (près de 24%). Dans celle qui refuse la vaccination la proportion est beaucoup moindre (10%).

Conséquemment, les personnes qui se sont fait conseiller la vaccination sont plus nombreuses à envisager de se faire vacciner : 54% de ceux qui veulent se faire vacciner contre 30% chez ceux qui ne veulent pas se faire vacciner.

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Il semble donc y avoir un effet du conseil sur l’attitude à se faire vacciner. Les messages d’incitation à la vaccination lorsque les campagnes rentrent dans leur plein peuvent ainsi avoir un impact fortement positif.

La propension à conseiller de se faire vacciner dépend aussi fortement de l’acceptation ou non de la vaccination. Ainsi les personnes qui désirent se faire vacciner sont près de 80% à vouloir conseiller les autres de se faire vacciner contre seulement 24% chez ceux qui ne veulent pas se faire vacciner.


Savoir qu’on peut s’inscrire pour se faire vacciner et où, quelle proportion s’inscrit ?

Lors du lancement de la campagne de vaccination, les autorités sanitaires ont défini deux moyens pour s’inscrire pour la vaccination. La première est la plateforme internet du ministère. La deuxième est l’inscription sur les listes ouvertes au niveau des structures de santé. L’inscription sur ces listes rencontre toutefois deux obstacles. La première est qu’il faudrait que cette information arrive chez ceux qui veulent se faire vacciner. La deuxième est que la vaccination n’avance pas vraiment, le nombre de doses de vaccin reçues au moment du sondage étant de 300.000 environ.

Seule une minorité, bien qu’importante, parmi la population adulte, un peu plus de 18%, sait qu’on peut s’inscrire sur le site internet du ministère pour se faire vacciner.

La proportion est presque la même pour les hommes et les femmes, la même aussi suivant les groupes d’âge, sauf chez les 65 et plus, où elle baisse fortement. Elle croit en fonction du niveau d’instruction, passant de 13,5% chez les analphabètes à près de 22% chez les personnes de niveau d’instruction supérieur1. Il n’y a pas de différence notable par région sauf dans le sud où la proportion baisse fortement. Le statut matrimonial ne montre pas de différence non plus. Les autres variables ne dégagent pas de différences statistiquement significatives.

Un fait important à souligner est que parmi les personnes qui veulent se faire vacciner, seule une faible proportion (21%) sait qu’elle peut s’inscrire sur une plateforme du ministère dédiée à cet effet.

Le phénomène est identique concernant l’inscription dans une structure de santé. Seuls 40% de la population adulte sait qu’elle peut s’inscrire dans un centre de santé.

Mais à la différence de l’information sur l’inscription par internet, il y a dans l’information sur l’inscription à une structure de santé d’importantes différences selon les différents facteurs. Hommes et femmes se distinguent ainsi assez nettement : 39,2%% des femmes et 48,4% des hommes savent qu’on peut s’inscrire dans un centre de santé. Par âge, les personnes de plus de 44 ans semblent plus au courant de cette possibilité. Il y a une différence significative entre mariés et célibataires : 42% et 34%. Ceci reflète sans doute les différences d’âge entre les deux catégories et le fait que les plus jeunes soient moins informés de cette possibilité comme souligné précédemment. Il y a par contre une relation claire avec le niveau d’instruction, tout comme dans l’information sur l’inscription par internet. La proportion de personnes sachant qu’on peut s’inscrire dans une structure de santé va croissante de 34% pour le niveau analphabète-primaire à 44% pour le supérieur. La situation individuelle montre une proportion de retraités plus importante que la moyenne qui est au courant de l’ouverture de liste de vaccination dans les structures de santé publique. A l’inverse les chômeurs le sont moins. Les autres catégories de situations individuelles sont dans la moyenne. Nous ne distinguons pas par contre de différences régionales, ou bien suivant le lieu de résidence.

Nous constatons le même phénomène que pour l’inscription sur la plateforme du ministère de la santé, à savoir que parmi les personnes désirant se faire vacciner, celles qui sont au courant de la possibilité de s’inscrire dans un centre santé sont loin de constituer la majorité : ils ne sont que 43% à la savoir.

Parmi ceux qui voudraient se faire vacciner et savent qu’il y a un site internet pour s’inscrire, peu font le geste de s’inscrire. Le chiffre obtenu est de 139.000 mais l’intervalle de confiance avec lequel on peut l’encadrer indique que le chiffre peut être très petit. Les chiffres du ministère de la santé donnent quelques dizaines de milliers et ce nombre évolue assez peu.

Le nombre d’inscriptions dans une structure de santé est certes plus important mais reste lui aussi faible. Pour les personnes de 18 ans et plus notre sondage donne un peu plus de 608.000 (donc au moment du sondage). Malheureusement nous n’avons aucun chiffre officiel pour faire la comparaison.

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Mais il faut dire que tant que les possibilités de vaccination ne sont pas concrètes, il est difficile de conclure des chiffres précédents un manque d’engouement. Tout au plus un signal pour les autorités que beaucoup reste à faire en terme de sensibilisation à la vaccination et d’information sur les procédures d’inscription.


Notes:
  • 1 - Le fait d’être analphabète n’exclut pas bien entendu de savoir qu’on peut s’inscrire par internet, même si les personnes ne s’inscrivent pas elles-mêmes directement, où qu’elles ne connaissent pas la signification précise d’une plateforme.

La préférence pour un vaccin

Parmi les personnes qui veulent se faire vacciner et qui sont donc près de 30% de la population adulte, environ le quart, plus exactement 26,4%, exprime une préférence pour une marque de vaccin. Cette préférence, lorsqu’elle est explicitée, va largement, à plus de 80%, au vaccin russe spoutnik V.

L’âge semble être un facteur explicatif important dans la préférence ou non pour une marque de vaccin. La proportion qui a une préférence parmi les 18-24 ans est très faible (10%). Cette proportion double ou un peu plus (22%) pour les 25-44 ans et double de nouveau (40% environ) pour les personnes d’âge supérieur à 45 ans. Lié à l’âge, le statut matrimonial montre une très grande différence aussi : 12% pour les célibataires et 32% pour les mariés.

Le niveau d’instruction joue aussi de manière assez forte. La proportion de personnes ayant une préférence augmente de manière continue de 13% environ pour le groupe analphabètes, primaires, et moyen, pour passer à 34% pour le secondaire et 44% pour le supérieur.

La situation individuelle ne montre pas de différence significative d’un groupe à l’autre, mis à part celui des retraités : pour tous les autres groupes, la proportion est proche de la moyenne (26%), alors que pour les retraités elle est de 20 points de plus (46%).

Il semble donc qu’il y a clairement un effet de l’âge et du niveau d’instruction pour la préférence pour une marque de vaccin.


La majorité des algériens s’estime mal informée sur les vaccins mais…ne recherche pas spécialement l’information

Sur l'ensemble des individus interrogés, seuls 17,5% estiment qu'ils sont suffisamment informés sur les bienfaits et les risques de la vaccination contre 60,8% qui estiment qu’ils ne le sont pas. Cela s’explique en partie par les réponses données à une autre question : « Est-ce que vous recherchez des informations relatives au covid19 (y compris la vaccination) ». Le croisement des résultats des deux questions fait apparaitre que 75,2% des personnes qui estiment qu’ils ne sont pas suffisamment informés font rarement ou ne font jamais de recherche d’information sur la covid19. Les deux positions ne sont pas réellement contradictoires. Tout se passe comme si la majorité des algériens, ne ressentait pas le besoin de rechercher l’information, tout en ayant conscience d’être mal informée.

Il n’y a pas de différence dans la répartition des appréciations selon le genre, ni selon le statut matrimonial ou entre les régions. Le fait de se sentir ou non suffisamment informé semble par contre fortement relié à l’âge et au niveau d’instruction.

Ainsi la proportion de « oui, j’estime que je suis suffisamment bien informé (e) » augmente avec l’âge. Nous avons l’inverse pour la modalité « non, je ne me sens pas suffisamment informé(e) ». Plus l’âge augmente et plus la proportion diminue. Ces variations sont modulées par la modalité « ne sait pas », avec une proportion plus élevée chez les personnes âgées de 65 ans et plus. Ce dernier point s’explique en partie par le niveau d’instruction. En effet 60,3% des individus ayant répondu « ne sait pas » sont analphabètes ou de niveau primaire.

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L’analyse des réponses par niveau d’instruction montre une proportion croissante avec le niveau d’instruction des personnes se sentant insuffisamment informées. La proportion des personnes qui ne savent pas va en sens inverse, les moins instruits ayant plus tendance à répondre je ne sais pas. La proportion de personnes qui se disent bien informées est, elle, presque égale d’un groupe à l’autre.

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Deux situations individuelles se distinguent fortement : les lycéens, étudiants et élèves de la formation professionnelle qui se disent insuffisamment informés à plus de 80% et les retraités où cette réponse obtient la proportion la plus basse avec un peu plus de 40%. Les autres situations sont assez similaires avec environ 60% qui se disent insuffisamment informés. Les proportions que recueillent les deux autres modalités opposent ceux qui travaillent aux chômeurs. Ces derniers ayant plus tendance à dire « je ne sais pas ». Les femmes au foyer présentent le même profil que les chômeurs.

Si les lycéens, étudiants et élèvent de la formation professionnelle répondent qu’ils sont insuffisamment informés à plus de 80%, à la question « Est-ce que vous recherchez des informations relatives à la covid19 » ils sont aussi plus de 80% à répondre qu’ils font rarement ou ne font jamais de recherche. Ceci résume tout le paradoxe de la question de l’information sur les bienfaits et les risques de la vaccination.

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Il n’y a qu’une minorité qui recherche des informations relatives à la covid19 (y compris la vaccination)

Seuls 28,2 % des personnes interrogées cherchent des informations relatives au covid (y compris la vaccination). Cette recherche est réalisée à des fréquences variables allant de recherches presque quotidienne à des recherches hebdomadaires ou mensuelles. Cette absence de recherche d’information est contradictoire avec le fait que la majorité des algériens de plus de 18 ans (plus de 60%) se disent mal informés sur les bienfaits et les risques de la vaccination..

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Il n’apparait pas de différences dans les proportions quand on compare entre eux les modalités du genre, de l’âge ou la région. Le niveau d’instruction par contre constitue une variable fortement discriminante comme on pouvait s’en douter. La proportion d’individus qui font des recherches rarement ou qui ne font jamais de recherche diminue au fur et mesure que le niveau d’instruction augmente.

Selon la situation individuelle, nous relevons que les lycéens, élève de la formation professionnelle et les étudiants s’intéressent moins à la recherche des informations sur la covid19: 80,1% cherchent rarement ou ne cherchent jamais ce genre d’informations. Pour les autres situations individuelles, les proportions sont plus au moins proches.

La proportion des individus mariés qui cherchent des informations sur la covid19 est presque égale à celle des célibataires. Ceci est lié au fait qu’on ne constate pas de différence non plus quand on fait une analyse selon la variable âge. Les moins âgés étant en effet les célibataires. La différence, concernant le statut matrimonial, se situe dans la fréquence de recherche. Parmi les personnes qui font des recherches, les mariés le font avec une fréquence plus élevée : 22,1% des individus mariés effectuent des recherches quotidiennement ou plusieurs fois par semaine contre 12,5 pour les célibataires.


Une majorité jugerait que l’administration remplit bien son rôle en termes d’information sur la covid19 et la vaccination, ou que le gouvernement gère bien la question de la vaccination

Bien qu’une majorité d’Algériens, plus de 60%, estime dit qu’elle ne se sent pas suffisamment informée sur les bienfaits et risques de la vaccination, c’est aussi une majorité qui trouve que l’administration remplit bien ou très bien son rôle en termes d’information sur la Covid19 et la vaccination (31,2 et 11,2% respectivement). Ceux qui pensent que l’administration remplit mal ou très mal ce rôle sont, en beaucoup moindre proportion. 23% sont dans ce cas se partageant à égalité entre mal et très mal. Le restant, 35%, disent qu’ils ne savent rien ou que l’administration ne remplit son rôle ni bien ni mal.

Plusieurs hypothèses peuvent expliquer ce paradoxe entre l’affirmation d’une mauvaise information et l’appréciation par une proportion non négligeable de l’opinion que l’administration remplit bien son rôle en termes d’information, alors que précisément une grande partie de l’information sur les bienfaits et le risque de la vaccination relève de l’administration. La première est que l’information demandée ou exigée de l’administration est restreinte, et que cette demande est plus ou moins satisfaite, tout au moins du point de vue d’une forte proportion d’Algériens.

La deuxième est que la réponse à cette question comporte un biais. En effet, dès lors qu’on évoque l’administration dans une question quelconque, les sondés hésitent fréquemment à affirmer leur point de vue et préfèrent dire « je ne sais pas », ou bien à avoir une réponse neutre (« ni bien, ni mal) ou à avancer une réponse en faveur de l’administration. Ainsi un tiers répondent qu’ils ne savent pas ou bien que l’administration s’acquitte ni bien ni mal de son rôle d’information.

Il y a ainsi une grande similarité entre la manière dont les sondés notent l’administration dans son rôle d’information et celle avec laquelle ils notent la gestion de la question de la vaccination, par le gouvernement». Une proportion importante note cette gestion comme bonne ou même très bonne (37,8%), soit un pourcentage approximativement égale à ceux qui jugent que l’administration informe bien ou très bien sur la vaccination et la covid19. Il en est de même de ceux qui jugent la gestion mauvaise ou très mauvaise (18%) qui est proche de ceux qui juge que l’administration informe mal ou très mal. Le reste, ceux qui ne savent pas ou bien juge la gestion ni bonne ni mauvaise constituent 44%. Il y a d’ailleurs une forte liaison entre les réponses à la question sur la notation de l’information par l’administration et celle de la gestion de la crise sanitaire par le gouvernement. On va faire plus loin le rapprochement entre les deux questions.

Revenons à la question de la notation du rôle d’information de l’administration.

On ne distingue pas de différences significatives suivant le genre, ni suivant le statut matrimonial, ni, à quelques nuances près suivant le lieu de résidence ou bien la région. Ce n’est pas le cas l’âge et surtout du niveau d’instruction. La situation individuelle fait, elle, apparaitre des différences mais pas de manière aussi tranchée que l’âge ou le niveau d’instruction. Les jeunes apparaissent ainsi plus critiques que les plus âgés et surtout les plus instruits beaucoup plus critiques que ceux qui le sont moins.

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Concernant l’âge les jeunes apparaissent comme les plus critiques. Ceci apparait surtout dans l’évolution de la proportion de ceux qui notent « mal » ou « très mal » la manière dont l’administration remplit son rôle d’information. La tendance est en effet décroissante en fonction de l’âge. A l’inverse la proportion de ceux qui notent « bien » ou « très bien » dégage une tendance légèrement croissante en fonction de l’âge. l’action de l’administration Nous observons en une croissance de la proportion (au sein de chaque groupe d’âge) de personnes qui jugent bien ou très bien l’action de l’administration, et une décroissance de la proportion des personnes qui jugent l’action de l’administration mal ou très mal.

Mais les différences les plus importantes apparaissent surtout pour le niveau d’instruction. On y voit ainsi clairement l’opposition entre les niveaux analphabètes jusqu’à moyen, plutôt permissifs et des niveaux secondaires et supérieurs beaucoup plus critiques. Cela se voit particulièrement dans la notation mal ou très mal, qui augmente continument du groupe analphabète-primaire au supérieur et inversement. On voit clairement aussi que les deux groupes ni bien-ni mal et ne sait pas, diminuent en proportion en allant vers le supérieur.

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La notation de l’administration suivant la situation individuelle est impacté par l’âge et le niveau d’instruction. Nous retrouvons l’effet de l’âge chez les lycéens et les étudiants, les chômeurs, plutôt jeunes, et moins favorable à l’administration, et les retraités, âgés, plus favorables. Nous retrouvons l’effet du niveau d’instruction aussi chez ces groupes (jeunes et chômeurs, plus instruits en général, ainsi que ceux qui travaillent), comparativement aux femmes au foyer ou aux retraités.

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Comme on le disait ci-dessus les réponses à la notation de l’administration dans son rôle d’information, et du gouvernement dans sa gestion de la crise sont similaires. Globalement les personnes accordant une bonne (ou une mauvaise) note à l’administration dans son rôle d’information, accorde aussi une bonne (mauvaise) note au gouvernement dans la manière dans il a géré la crise sanitaire.

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Il n’est donc pas étonnant de retrouver les mêmes variables qui déterminent la note accordé au gouvernement dans sa gestion de la crise sanitaire. Les variables déterminantes sont ici aussi l’âge et le niveau d’instruction, ainsi que la situation individuelle. Les plus jeunes et les plus exigeants étant les plus jeunes et les plus instruits. Dans la situation individuelle, les plus exigeants étant les lycéens et étudiants et les chômeurs et ensuite les travailleurs. Les femmes au foyer et les retraités venant en dernier.


La majorité juge que la campagne de vaccination a tardé

Les réponses à la question « pensez-vous que la campagne de vaccination a commencé au bon moment ou a tardé » traduisent une opinion relativement critique sur le début de la campagne de vaccination, tenant compte des opinions plutôt favorables quant à la manière dont l’administration a joué son rôle d’information ou le gouvernement pour gérer la question de la vaccination. Près de 50% jugent en effet que la campagne de vaccination a tardé, 36% qu’elle a démarré au bon moment, le reste « ne sait pas ». Cette position « critique » apparait même chez ceux qui jugent favorablement l’administration sur l’information sur l’épidémie ou la vaccination ou bien la gestion de la question de la vaccination par le gouvernement.

Nous retrouvons, ici aussi, les constats faits pour d’autres questions à savoir comme seuls facteurs faisant apparaitre des différences significatives, l’âge, le niveau d’instruction, ainsi que la situation individuelle. La position les plus critiques étant celles des plus jeunes, ainsi que des plus instruits. Les différences dans les situations individuelles reflètent la relation de ce dernier facteur avec l’âge ou le niveau d’instruction. Les autres facteurs à savoir le genre, le statut matrimonial, le lieu de résidence, et la région font apparaitre des différences beaucoup moindres, et souvent peu significatives. C’est-à-dire que nous n’observons pas de différences significatives entre les hommes et les femmes, les mariés et les célibataires, le fait d’habiter au chef-lieu de wilaya ou dans une autre ville ou à la campagne etc…

A noter sur cette question une relation beaucoup plus forte avec la notation du gouvernement sur sa gestion de la vaccination, qu’avec la notation de l’administration sur son rôle d’information apparait. C’est ainsi que ceux qui jugent que le lancement de la campagne a tardé sont plus portés à juger sévèrement le gouvernement dans sa gestion de la question de la vaccination, que l’administration dans la manière dont elle remplit son rôle d’information.

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L’âge et le niveau d’instruction déterminent largement les moyens d’information utilisés pour s’informer sur la covid19 et la vaccination

La première source d’information utilisée par les personnes interrogées est la discussion familiale ou avec des relations.

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En dehors donc de cette première source d’informations, les autres sources permettent de cerner deux groupes1 , l’un s’oriente plus vers les réseaux sociaux et internet et l’autre utilisent plus les chaines de télévision (publiques ou privées nationales).

Le groupe utilisant les réseaux sociaux et de l’internet est composé plutôt de jeunes ou de relativement jeunes. Ainsi, 83,9% des 18-24 ans utilisent les réseaux sociaux et 64,8% utilisent internet. Ce groupe est composé de moins de 45 ans. Ces utilisateurs ont un niveau secondaire ou supérieur.

Le groupe utilisant plutôt les chaines télévisions publiques et privées algériennes. Ce groupe est composé généralement de personnes âgées de 45 ans et +, de niveau analphabète, primaire ou moyen.

Pour les autres moyens d’informations, on constate une proportion des lecteurs de la presse électronique qui augmente avec le niveau s’instruction, alors que celle relative aux lecteurs de la presse écrite diminue au fur et à mesure que le niveau augmente. Enfin les retraités utilisent plus la radio que les autres groupes.


Notes:
  • 1 - Ces deux groupes ne sont pas exclusifs, une personne appartenant au groupe 1 peut utiliser les moyens utilisés par les personnes du groupe 2 et vice versa.